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Falaises à Mesnil Val. Photo Jack Guerrier
Falaises à Mesnil Val. Photo Jack Guerrier

M.M

La date ? 27 Juin 1950. Vous pensez si je m’en souviens ! Je sortais tout juste du service militaire, 36 mois et rien à y redire. Je n’avais pour ainsi dire pas de fric. Qu’est-ce que j’allais devenir ? Fondeur dans la sidérurgie comme les autres, je veux parler de mon père, de mon grand-père, de leurs copains. Une vie d’aventures à gratter près du gueulard, des fumées, dans la crasse, 60 heures par semaine jusqu’à la mort pas loin. Une vie offerte aux De Wendel et aux actionnaires qui -ne vous plaignez pas- vous donnent tout de même du travail. Voilà donc l’avenir me dis-je, ce fameux jour parisien. Je tachais à ce moment précis de regagner la gare de l’Est où le train pour Metz et ensuite Uckange m’attendait. J’étais sur un grand boulevard en train de traverser, lorsque soudain une voiture m’a renversé. Dans les pommes le bonhomme ! Le trou noir pendant 2 semaines, puis le réveil dans un lit d’hôpital, des tuyaux partout et je me souviens, le soleil à travers la fenêtre. Une infirmière qui entre – il est réveillé- bonjour mon ami dit le docteur, vous revenez de loin : traumatisme crânien, jambes brisées et un petit séjour chez Morphée. Quelques semaines de soins et de repos et vous oublierez ces désagréments. Encore un détail, vous êtes à l’hôpital américain de Neuilly et la personne responsable de l’accident va venir vous voir incessamment, petit veinard. Alors là, il avait éveillé ma curiosité. J’ai essayé de questionner les infirmières pour savoir de qui il s’agissait, rien, motus! La loi du silence, avec tout de même des sourires malicieux. Quand je l’ai vu entrer dans la chambre, elle, j’ai failli défaillir. Oh ! Ce n’est pas ce que vous croyez, elle était près du lit, toute timide, n’osant pas s’approcher et de son délicieux accent américain elle m’a susurré : je suis désolée vraiment, j’espère que vous pas trop souffrir ? … Je vous ai apporté des friandises et aussi des cigarettes blondes. Ce jour-là, elle est restée une heure avec moi, sans que nous soyons dérangés. Elle est revenue me voir un après-midi par semaine, jusqu’à ma guérison. Nous étions devenus des amis, la petite blonde et moi. Elle me parlait d’Hollywood, de sa vie d’actrice et moi je l’écoutais béatement. La dernière fois que nous nous vîmes, elle me fit la bise et me tendit un petit paquet. Chut, ce n’est pas grand chose, juste pour me faire pardonner. Bye, bye ! J’ai toujours sur moi l’étui à cigarette en or qu’elle m’a offert, pourtant je ne fume pas. A l’intérieur, je conserve sa photo dédicacée, regardez : pour Marcel, le 27 Juin 1950, en souvenir de notre première rencontre. M.M.

© Jack Guerrier Tout droits réservés. Ce texte a été joué à la MCL Metz.

Tag(s) : #Photo, #Marylin, #fiction

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