Toutes les semaines, une nouvelle scène de la pièce Le café imaginaire sera publiée sur le blog.
Cette pièce a été crée en 2014 à la MCL Metz pour 6 représentations publiques.
Elle n'est pas libre de droits.
La pièce se déroule dans un café. Les personnages entrent ou sortent, sont installés selon la volonté du metteur en scène.
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Jean-Pierre, Louise, Sandrine, Maurice
Jean-Pierre - Hissez les couleurs !
Louise - Je ne comprends pas comment vous faites, tous ces changements…
Jean-Pierre - C’est le mélange, rouge, blanc, rose, ça fait de l’alternance dans le sang.
Sandrine - Je ne comprends pas bien.
Jean-Pierre - Tous les mélanges agissent comme les pistons, les pompes, les durites dans le moteur d’une voiture. Pour les véhicules tu as du mélange à deux temps, tu en as d’autres à quatre temps…
Maurice - Mais il faut rajouter de l’huile, sinon t’as le carburateur qui chauffe et le moteur qui coince.
Jean-Pierre - Moi le matin je serais plutôt rouillé du joint de culasse, c’est pour ça que ma mère me donnait de l’huile de ricin.
Sandrine - Moi le matin c’est café, café, double dose, sinon j’ai l’impression de n’avoir qu’un seul cerveau.
Jean-Pierre - Double dose ou pas… Qu’est-ce que ça change ?
Sandrine - Ça change que je suis quand même doublement moins conne que toi.
Louise - Ne commencez pas à vous chamailler dès le matin tous les deux, sinon ce soir c’est la bagarre générale.
Jean-Pierre - Je sens le blanc qui me dégage les nuages, je boirais un café, y aurait de la brume partout. J’aurais l’impression d’être toute l’année au mois de Novembre.
Sandrine - Tu n’as qu’à mettre de l’antigel dedans. Ca dégagera le pare-brise.
Jean-Pierre - Les alcools blancs je n’y touche pas, c’est pas que je sois raciste, les alcools blancs tu as toute suite les tambours du Burundi dans la tête !
Sandrine - Je ne vois pas le rapport avec le racisme, t’aimes pas le petit noir et t’aimes le petit blanc….
Jean-Pierre - Justement, j’aime pas le petit noir, mais j’aime pas le petit crème non plus.
Louise - Moi c’est le chocolat qui ne passe pas, il me reste sur l’estomac, le lendemain je suis dure des intestins.
Sandrine - Mon médecin me dit qu’il faut manger des pruneaux, mais Agen c’est pas tout près.
Jean-Pierre - Ah ! De la Mirabelle ou de la poire, je ne dis pas, j’ai un beau-frère qui m’en ramène de Lorraine, c’est liquidé dans la journée, après t’es tranquille pour aller aux toilettes pendant un mois.
Maurice - Madame Louise, racontez-nous comment Victor il a pu acheter le bistrot en…
Louise - En 1976 l’année de la sécheresse.
Jean-Pierre - Dites donc, c’était un opportuniste votre Victor !
Louise - Il était jeune et débrouillard, l’usine voulait licencier, il a pris la prime et voilà !
Sandrine - Les patrons étaient généreux en ce temps-là…
Louise - Que tu crois ! des vrais peaux de vache, oui ! Trois semaines de grève qu’il a fait mon homme avec ses copains ; on était déjà pas riche, alors là, on était pauvre.
Robert - le monde appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt !
Maurice - Et ton fils Rémi, ça lui fait quel age ?
Louise - Justement, j’étais enceinte de lui, alors t’as qu’à compter.
Jean-Pierre - Vous auriez été agricultrice, vous auriez pu bénéficier de la prime à la vache allaitante, sauf votre respect .
Maurice - Et toi de la prime au plus gracieux !
Jean-Pierre - Ben quoi, il y a des femmes qui vendent leur lait, non ?
Sandrine - Y a pas de danger que j’en vende, pas question d’avoir un moutard…
Louise - Pourtant, c’est de ton age, une belle fille comme toi !
Sandrine - J’ai pas tiré le gros lot, le Patrick est en chômage.
Maurice - Pourtant, ton Patrick c’est un sacré bricoleur, tu lui donnes le soleil, il en fait une lampe !
Sandrine - On les fabrique en Chine les lampes maintenant, alors à quoi sert-il qu’il sache les fabriquer ?