La photo du Dimanche 21 Mars 2020. Avant le naufrage

Gravure sur linoléum. Jack Guerrier 2020

En caricaturant le peuple on conforte la répression. Maintenant, les gens pensent que rester confiné veut dire rester chez soi, sans sortir de chez soi. Ils dépassent les directives qui leurs sont intimées. La réalité est que les personnes ont l’autorisation de sortir prendre l’air dans leur quartier pendant une durée brève. Restez confiné, pourtant, ce président et ces ministres qui leur ont dit de rester confiné, les ont autorisé à voter le Dimanche 15 Mars, dans le même temps qu’on fermait les écoles, les restaurants et commerces non indispensables. Le 17 Mars, ce sont les citoyens qu’on enfermait chez eux. Encore une fois, c’est le peuple qu’on privait de liberté. Pour son bien. Est-ce pour son bien, que l’état s’est montré et se montre encore défaillant dans l’accès aux soins ? Est-ce encore pour le bien de tous, malades et soignants que l’état a organiser une pénurie de masques dans les hôpitaux ? Est-ce pour le bien de tous que l’état via son ex-ministre de la santé Buzyn n’a pas anticipé cette pandémie majeure ? Qui rendra des comptes sur ces morts, ces familles décimées ? Le président dit que la crise nous imposera un changement de modèle. Qui peut le croire ? Pendant cette crise sanitaires, de nombreux salariés sont obligés de travailler sans que les règles élémentaires de sécurité sanitaires sont respectées. Pendant cette crise sanitaire de nombreux employeurs contraignent leurs salariés par la menace, menace de ne pas être payés en cas de retrait, menace d’être viré. De nombreux employeurs imposent la prise de congés payées à leurs salariés. Et l’état pudique se tait. Est-ce cela le nouveau modèle qui se profile ? Comment croire que nous changerons de modèle économique et social quand tout dans le discourt et les actes dit le contraire ? Nous voyons trois types d’images : les soignants qui se démènent, une partie de la population qui défie le pouvoir en ne respectant les règles imposées, les experts qui défilent dans les médias pour exposer leur expertise. Quoi de nouveau dans cette proposition ? Cette complaisance, d’où qu’elle vienne est responsable et comptable, elle tend à minimiser la responsabilité de l’état, son désengagement sur la Chose Publique, sur la protection des citoyens. Le ministre de la Santé qui dit : commander tant de millions de masques qui seront disponibles dans les prochains jours, les prochaines semaines, alors que ce matériel devait être à disposition préventivement. L’argument répressif suit le discourt, Rester chez vous, comme ce fût le cas pendant les protestions et manifestations des gilets jaunes. En imposant leur lutte sur les ronds-points, les gilets jaunes s’emparaient de l’espace public. Puis s’emparaient de la rue, des symboles de la République. L’état a peur, l’état réprime, l’état blesse et tue. Le pouvoir et ceux qui le détiennent abuse de la répression. Ils ont peur de perdre la main. C’est le camp d’en face qui devra perdre la sienne. Oui, nous restons et resterons chez nous. Sortir serait criminel et nous en avons conscience. Et après ? Dans deux mois, trois mois, quatre mois, six mois, que se passera-t-il pour nous, comment serons-nous consultés pour définir un nouveau projet de société, pour définir de nouveaux modèles d’évaluation démocratique, de nouveaux modèles pour l’éducation la justice, la santé, la culture ? Serons-nous consultés par ce pouvoir qui n’a jamais proposé un seul référendum et qui se cache derrière la représentation démocratique, ces deux chambres, l’Assemblée Nationale et le Sénat, dans lesquelles les élus sont à sa botte ? Il nous appartient de prendre la parole, d’interpeller l’état, cela fait partie de nos obligations. Ne pas le faire serait renoncer. Voilà une citation que nous pourrions faire nôtre :

"Je puis dire que j’ai vécu comme un homme / mais le temps qu’il me reste à vivre, / et ce qui pourra m’arriver / qui le sait ?" Nâzim Hikmet, poète turc.

Nous devons défendre les valeurs humanistes en lesquelles nous croyons, sous peine de disparaître.

Jack Guerrier