La gravure du 25 Mars 2020. Mon journal du 25 Mars 2020

Gravure sur linoléum Jack Guerrier 2020

Mon journal du 25 Mars 2020

Aujourd’hui toutes les possibilités sont ouvertes. J’ai fait le plein d’essence et de GPL. Je pourrai parcourir mille kilomètres sans m’arrêter. Je ne sais pas quelle direction prendre. La gendarmerie m’a contrôlé au bout de trois cent mètres. Demi-tour pour réfléchir à une nouvelle destination. Revirement. Je suis allé faire des achats dans un supermarché. J’ai mis un masque bidouillé par mes soins. Dessous je transpire, la buée opacifie mes lunettes de soleil. Je me trompe en tapant le code de la carte bancaire. J’ai acheté 10 bouteilles de Paddy. Précaution. On ne sait pas ce que l’État va encore interdire dans les prochaines semaines. J’ai le choix : continuer à écrire le poème en cours, relire Women de Bukowski, faire un dessin du coronavirus, regarder une série à la télé, terminer la gravure que j’ai commencé hier, téléphoner à Pierre pour refaire le monde, ne rien faire. Je choisis d’écrire mon journal. La dernière fois remonte à plusieurs années. Dans mon souvenir c’est Juin 1985, fin de la clope, ce jour-là j’avais réussi à marcher 800 mètres sans être essoufflé. L’avenir c’est maintenant. Je vais y penser. Avec Pierre et quelques autres, nous referons le monde. Sans virus, parce que c’est chiant de pouvoir choisir.

Jack Guerrier 2020. Tous droits réservés