Pastorale.© Photo Jack Guerrier 2020.
Peaux des souvenirs
Je caresse la terre à peine retournée
Celle du jardin brune jusqu’à l’ocre rouge
la broyant à pleine main mes doigts l’effritant
Terre du matin encore humide encor fraîche
Je vois les chevreuils brouter dans la plaine nue
L’arrière des fermages l’outil des moissons
Je sens le vent assoiffé courir vers la côte
Je vois l’envol du busard aux ailes barrées
Le pli des orges celui des blés de printemps
Comment ils modèlent chaque parcelle d’ocre
Les chemins de bordure leurs épines blanches
Les traces laissées par les tracteurs les chariots
Au lointain quelques fumées blanchissent le ciel
J’entends le bourdonnement des guêpes et des mouches
Août les mirabelliers croulerons sous les fruits
Septembre Octobre quetsches noix pommes et poires
Nous égrapperons les premiers raisins suaves
Attendant l’automne doux les premiers frimas
Préparant les bains onguents les poudres et talcs
Aux mordantes flétrissures du froid hivernal.
© Jack Guerrier 2020. In Entrevues derrières les orées. Tous droits réservés.