

Juliette et Pedro, notre guide à Sétubal. Photos Jack Guerrier 2018
Rodizio de peixe : on peut traduire littéralement par rotation de poissons. Les serveurs virevoltent plateaux de poissons grillées au-dessus de l’épaule et vous servent à la demande. A peine avez-vous terminé votre assiette, qu’une serveuse souriante se précipite pour vous resservir. Et nous dévorons, affamés. J’engrange cinq services au compteur. Préférences pour les encornets, la dorade royale, le thon grillé, le tout arrosé à l’impérial, une tulipe de bonne bière portugaise bien fraîche. Nous sommes partis de Cascais depuis le matin franchissant le pont du 25 Avril au-dessus du Tage.
La mémoire peut-elle fixer toutes les images vues et entrevues en quelques heures sans perte ? Je préfère m’adjoindre celles numériques de mon Canon. Je ne suis pas photographe parce que je photographie, la photographie suppose une mise en scène, une construction, de savantes juxtapositions de plans et découpes, les maîtrises du cadrage, du clair-obscur, des flous artistiques. Je n’ai aucune des ses prétentions. Je témoigne, pour me souvenir, pour l’éventuelle écriture d’une chronique. J’ai exposé une fois des photographies, celles que j’ai pris de la plaine de la Woëvre en Lorraine. C’était un travail particulier effectué à l’aide d’un Nikkormat, en argentique noir et blanc. J’y retrouvais des accents présents dans mes gravures, ces profonds sillons formant paysage, chemins intérieurs. L’arête médiane des poissons et ses corollaires adjacentes m’invitent elles aussi au dessin. Nous verrons ça une fois le festin terminé.
©Jack Guerrier 2020. Tous droits réservés.